Dans notre podcast Histoires de Q, vous nous racontez vos meilleures et vos pires histoires de sexe et d’amour comme à un·e ami·e.
Les discriminations raciales se lisent dans la société, mais aussi dans la drague. Quatre témoins non blancs racontent les remarques et attitudes qu'iels ont vécues dans un contexte que leurs auteur·rices souhaitaient séducteur.
Une jeune femme de 23 ans raconte, sur le chemin de son travail : "Je n’étais pas au courant mais apparemment il y a un truc sur les Kabyles, comme quoi nous sommes très libéré·es sexuellement. C’étaient des personnes qui me draguaient qui me l'ont dit, comme si j’allais leur dire ‘oui oui bien sûr, attends je te montre’ ! Avec les boucles aussi ! Les blancs adorent me toucher les cheveux. Comme si c’était un truc qu’ils découvraient, je ne peux pas l’expliquer. Franchement des fois j’ai pas envie de calculer, j’en rigole, mais si la personne vient me toucher les cheveux je vais l’insulter. Pour moi, il n’y a pas besoin d’éduquer ces personne-là, dans le sens où c’est plus fatigant qu’autre chose. Il y a juste besoin de les dégager pour leur faire comprendre que tu n’es pas un objet."
Pour les hommes, les discriminations raciales aussi persistent, poursuit-elle. "C’est l’image de l’arabe dominant, qui doit te baiser comme une bête ou je ne sais pas quoi, parce qu’il est arabe. J’ai des potes arabes qui ont des pratiques complètement différentes de celles-ci donc c’est très drôle."
Un étudiant de 19 ans abonde : "C’est des remarques, souvent on me demande de quel pays je viens, et puis la fille me dit 'moi j’adore l’Afrique'. Il y a une image fantasmée de l’Afrique. Moi je suis un peu amusé, je me dis : ‘bon, c’est son kiffe’. Je ne sais pas ce qu’elle veut ou ce qu’elle a. Mais parfois c’est gênant, c’est un peu trop violent. Je ne suis pas non plus une bête de foire."
Une autre étudiante de 25 ans explique au sortir du métro : "Je suis née en France mais je suis partie hyper longtemps en Corée du Sud, et je suis revenue il y a trois ans et demi à Paris. Et même là-bas, j’étais vue comme à moitié européenne. [Les Européennes] sont vues comme plus attractives, comme un objet sexuel. Et en fait ici c’est la même chose mais pour mon côté asiatique. Ce sont des remarques du style ‘je n’ai jamais testé une asiatique’, ce sont des fantasmes que les hommes ont. Il y a vraiment plus de gens que ce que je pensais qui aiment les asiatiques, juste sexuellement. Et ils me le disent ouvertement, ils essaient de me draguer très fortement."
Une passante de 45 ans raconte posément : "Quand j’étais sur Tinder par exemple, je rencontrais pas mal de partenaires potentiels et certains avaient un discours que je pense discriminant, à savoir : ‘vous les noir·es, vous vous éclatez au lit, vous nous faites voir du rêve, vous n’avez pas de limite’. On est des individus d’abord, avant d’être une couleur. Je trouve que c’est de la fétichisation — et quand ils apprennent ce mot, on est tout de suite vu·es comme féministes. Il y a des personnes qui ne sont pas conscientes du tout que c’est discriminant, à la limite du racisme. Mon frère, ça lui arrive énormément. On en a discuté, il est considéré comme un objet sexuel une fois sur deux. Des fois il s’en sert, des fois non. Mais je pense qu’à terme, ça peut faire souffrir. Quand on a l’énergie, on explique le problème. On le fait systématiquement et on transmet. Et il y a d’autres périodes où je me dis qu’il y a assez de médias qui en parlent pour qu’on ne passe pas notre temps à faire des discussions impossibles, à éduquer… C’est chiant."