(D)ébats 2022 : À quoi servirait l’Observatoire de lutte contre les discriminations voulu par Anne Hidalgo ?

À l’occasion de la campagne électorale de 2022, nu décrypte plusieurs mesures et propos des candidat·es à l’élection présidentielle touchant aux sexualités. Anne Hidalgo, maire de Paris et membre du Parti socialiste, souhaite créer un Observatoire de lutte contre les discriminations, qui permettrait de lutter contre les "LGBTQIphobies".

“Un Observatoire de lutte contre les discriminations, [...], sera créé pour renforcer l’efficacité [du] combat contre les 25 critères de discrimination, notamment le racisme, l’antisémitisme, les LGBTQIphobies, le sexisme, l’handiphobie, mais aussi le harcèlement”.

La candidate socialiste Anne Hidalgo veut se battre contre les discriminations qui seraient “un terrible fléau qui anéantit la promesse républicaine, ciment de notre République universaliste”, notamment celles à l'encontre des LGBTQI+, à travers la création d'un Observatoire de lutte contre les discriminations. Il semblerait surtout qu’elle ait consulté un rapport du Défenseur des droits pour formuler cette proposition.

D’où vient la proposition d’observatoire ?

En novembre 2020, une affaire de violences policière secoue la France, avec l'arrestation ultra-violente du producteur Michel Zecler, un homme noir. Des manifestations d’une ampleur inédite ont alors lieu partout dans le pays. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron annonce le lancement d’une “consultation citoyenne sur les discriminations”. À la fin de cette consultation, à l’été 2021, le Défenseur des droits élabore plusieurs recommandations et propositions, inspirées d'un précédent rapport de 2020 sur les discriminations liées aux origines. Première proposition ? “Mesurer les inégalités et les discriminations pour agir : créer un Observatoire des discriminations”.

Cette proposition, reprise par Anne Hidalgo, créerait une nouvelle institution. Elle laisse sceptique la juriste Anne Sarah Kertudo, spécialiste du droit du handicap et directrice de l’association Droit pluriel, qui travaille pour l’accès au droit. Contactée par nu, elle explique : “Je ne suis pas sûr que ce soit opportun de multiplier les institutions et les interlocuteur·rices. Le Défenseur des droits commence à bien être identifié par le public”. Elle s’accorde cependant à en augmenter les moyens, pour “renforcer ce qu’ils font déjà aujourd’hui, recruter du personnel et raccourcir les délais lors des saisines de la part des citoyen·nes”.

Qu’en disent les autres candidat·es ?

Anne Hidalgo n’est pas la seule à reprendre pareille mesure. Jean-Luc Mélenchon avance la création d’un “Commissariat à l’égalité doté d’un Observatoire des discriminations et de pôles spécialisés au sein des services publics et des cours d’appel”. Alors que l’insoumis souhaite “renforcer les moyens de la lutte contre les discriminations [envers les personnes LGBT+, ndlr.] et de la lutte contre le VIH”, la candidate socialiste promet de se mobiliser "dans toutes les instances internationales et au G20" pour la “dépénalisation universelle de l’homosexualité” et rappelle qu’encore un tiers des pays du monde pénalisent cette orientation sexuelle, jusqu’à la peine de mort.

Sans le mentionner dans son programme, Valérie Pécresse, la candidate LR, a répondu sur le sujet des discriminations, notamment après avoir été interrogée à ce propos le 18 janvier dernier sur BFMTV. Elle a indiqué qu’à la tête de la région Île-de-France, dont elle est la présidente, elle a mis en place du testing pour chercher des discriminations, en envoyant à des entreprises des candidatures semblables en tout point, à l'exception du nom, de l'adresse ou de l'apparence.

Pour le candidat d'extrême-droite Éric Zemmour, aucune mesure à l’horizon. Le 14 janvier dernier, la justice a fixé une nouvelle échéance judiciaire. Il sera jugé en 2023 pour diffamation aggravée, suite à des propos tenus en 2019 sur le "mouvement féministe" et le "mouvement LGBT", précisant vouloir “chasser l’idélogie LGBT” à l’école. Le candidat vient par ailleurs d’être condamné après ses propos sur les mineur·es isolé·es à 10 000 euros d’amende pour provocation à la haine raciale. Il a fait appel. Il était également poursuivi dans cette même affaire pour provocation à la discrimination. Quant à Marine Le Pen, pour l’instant aucune mention dans son programme des questions liées aux discriminations. La question semble, pour l'instant, ne pas être au cœur de la campagne présidentielle.


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