Qu’est-ce que ça change d’instaurer le droit à l’IVG dans la Charte des Droits de l’UE ?

SexCheck, c'est un podcast qui décrypte nos sexualités et débunke les chiffres et les clichés de la société. Aujourd'hui, Alexandra Pichard se penche sur une déclaration d'Emmanuel Macron, début janvier.
Bonne écoute !

C'était mi-janvier devant les députés européens. L'objectif du président français ? « Reconvaincre les peuples qui se sont éloignés » du droit à l'IVG, qu'il érige comme priorité sur le continent.

Mais qu'est-ce qu'elle changerait vraiment, cette modification ? À l'échelle de la France, à l'heure actuelle, presque rien. Le droit à l'avortement est déjà consacré et sécurisé par plusieurs textes de loi. Déjà la loi Veil qui date de 1975, la première à légaliser l'IVG et puis une autre en 2001 pour allonger le délai à 12 semaines de grossesse. Et pour protéger ce droit, une loi pénalise le délit d'entrave à l'avortement depuis les années 1990.

Mais à l'échelle de l'Europe, par contre, faire de l'avortement un droit fondamental obligerait chaque pays à le transposer dans sa propre loi. Et ce sous peine de sanctions. C'est donc une manière d'étendre l'accès à l'IVG sur le continent, notamment dans des pays où il est encore interdit comme la Pologne ou Malte. Le problème c'est que pour modifier la charte, il faut avoir l'accord unanime des 27 pays membres. Or à ce stade, on voit mal ces deux pays très opposés à l'avortement voter pour. Avant de rentrer dans l'Union, Malte a même négocié qu'aucune loi européenne ne pourrait l’obliger à autoriser l'IVG.

Donc, la déclaration d'Emmanuel Macron est avant tout politique parce qu'en France, ce serait juste un garde-fou supplémentaire et en Europe, c'est mission quasi impossible.

Mais ce discours, il a lieu au lendemain de l'élection d'une euro-députée anti-avortement à la tête du Parlement européen, la maltaise Roberta Metsola. Et aussi trois jours après une manifestation contre l'IVG dans les rues de Paris. Donc dans un contexte électoral en France, c'est une peu une manière pour le président d'afficher son attachement aux droits des femmes, « grande cause du quinquennat ».

Ironie du sort, le même jour, le Sénat a retoqué une nouvelle fois la proposition de loi permettant l'allongement du délai de l'IVG à 14 semaines.

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