Education sexuelle : qu’apprend-on aux enfants depuis les années 70 ?

De l'utilisation des préservatifs à la prévention contre le SIDA, en passant par la manière de faire des enfants, la sexualité s'apprend, et ne se découvre pas. Voilà près de quarante ans que l'éducation sexuelle est une matière scolaire. Elle a eu le temps d'évoluer.

Est-ce que vous vous souvenez de vos cours d’éducation sexuelle ? Vous savez ces moments parfois gênants où des profs, des spécialistes et des associations viennent enfiler un préservatif sur une banane, parler chlamydia, montrer sur grand écran des photos d’anatomie. Et tout ça à un âge où on est pas franchement à l’aide avec le sujet. Pourtant, ce sont les seuls moyens de s’informer sur la sexualité à l’école. Mais, ces cours n’ont pas toujours existé.

"Les parents, en général disaient rien, entre nous comme on savait rien, on disait pas grand chose", raconte Danielle. Elle est née en 1949 et regrette ce manque d’information de l’époque. Pas étonnant, au début du XXème siècle, l’éducation sexuelle ne fait pas partie des programmes scolaires.

"On était quand même vraiment dans des silences, il y avait aucune communication avec personne en fait", ajoute-t-elle. En 1973, Danielle a 24 ans. Cette année là l’éducation sexuelle entre officiellement à l’école avec la circulaire Fontanet.

Des cours facultatifs

C’est à partir de ce moment-là qu’une vraie politique d’information et d’éducation sexuelle se met en place. "Les premiers cours étaient équivalents à des cours de SVT actuels c'est-à-dire la reproduction, la grossesse, l'accouchement, ...", détaille Philippe Rougier, vice-président de l’association Sésame qui intervient dans les écoles depuis 50 ans.

On y parle également de protection et de prévention. Il faut dire qu’à l’époque les moyens de contraception féminins se modernisent. Avec les années 1980, et l’apparition du VIH, c’est le rôle du préservatif qui est mis en avant. "On nous apprenait comment faire un enfant mais plus approfondi, je ne m'en rappelle pas", se remémore Radia, 38 ans.

Normal, à l’époque, les cours sont encore facultatifs. Un vrai tournant s’opère au début des années 2000 : l’apprentissage de la sexualité devient obligatoire dès l’école primaire. Le terme d’EARS, éducation affective relationnelle et sexuelle, se généralise et de nombreux organismes interviennent dans les écoles.

Non-respect de la loi

"Depuis une vingtaine d'années, le cadre de la loi demande trois séances par an, ce n'est absolument pas respecté et ils n'ont même pas tous de séance au collège ou au lycée", déplore Maëlle Challan-Belval, présidente de Comitys, une association d'EARS. D’ailleurs, en 2015, une évaluation conclut que 25% des établissements n’ont mis en place aucune formation sur la sexualité.

Face à ce constat, Marlène Schiappa, à l’époque secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, remet le thème sur le devant de la table. Dans la foulée, elle lance une circulaire en septembre 2018 pour préciser la loi de 2001. C’est elle qui est encore en vigueur aujourd’hui.

On y apprend entre autres, l’étude et le respect du corps, les différences morphologiques entre filles et garçons. Mais aussi grande nouveauté, la prévention des violences sexistes et sexuelles et la question du consentement.

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