Dans le bois de Boulogne, l’ombre de Vanesa Campos

Le procès des accusés du meurtre de Vanesa Campos se termine cette semaine. Les conditions de travail dangereuses des prostituées du bois de Boulogne ont été au cœur des audiences. Un coup de projecteur sur les violences et menaces que ces femmes subissent au quotidien.

“C’est une nuit d’été pluvieuse, très sombre, surtout dans les tréfonds du bois de Boulogne. Les travailleuses du sexe arrivent sur leur emplacement respectifs. Elles se mettent dans leur abri de fortune, drap étendu entre deux arbres. Sans lumière, elles vivent dans un climat de terreur constante”.

Toujours plus loin dans le bois

Les mots de l’avocate des proches de Vanesa Campos plonge la cour d’assises dans l’horreur de la nuit du meurtre. Ce soir de 2018, la travailleuse du sexe trans est abattue d’une balle dans le thorax. C’est l’apogée de nombreuses années de violences qui visent les prostituées. Des rackets, des menaces, des viols.

“Ce procès n'a pas à être celui de la situation des prostituées au bois de Boulogne”. C’est ce qu’a tenté de faire valoir un avocat de la défense au début des audiences. Et pourtant, l’ambiance pesante et inquiétante des sous-bois plane sur le procès depuis son ouverture. Avec en filigrane, une critique des conditions de travail dangereuses des prostituées, notamment à cause de la loi de pénalisation des clients. Votée en 2016, elle les oblige à s’isoler toujours plus loin de la route et les expose à des agressions.

Vulnérables

La présidente de l’association Acceptess T, qui accompagne les prostituées, le dit bien : jamais elle n’aurait pensé aller à l’endroit où travaillait Vanesa il y a dix ans, tant il est reculé et dangereux. L’avocat général, lui, insiste sur la vulnérabilité de ces femmes. La plupart sont en situation irrégulière et n’osent pas s’adresser aux forces de l’ordre.

Mais même quand elles le font, la police ne les écoute pas, ne se déplace pas, selon une autre avocate des parties civiles. Elle dénonce “une défaillance de l’Etat” qui “ne doit plus se reproduire”. Pour la partie émergée des violences, on compte 89 mains courantes et 11 plaintes de déposées rien que le mois du meurtre.

Le procès permet de mettre un coup de projecteur sur les violences qui continuent au bois. Les collègues de Vanesa sont venues témoigner à la barre de la peur qui ne les quitte toujours pas. L’une d’elle a confié qu’un soir, les policiers ont confisqué les projecteurs de fortune qu’elles avaient installés pour s’éclairer. Et chaque nuit, cette idée qui les obsède : “Ce soir, là, ça a été Vanesa, mais ça aurait pu être n’importe laquelle d’entre nous”.

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